Commentaire : Paul Verlaine Charleroi
I- Une ivresse de sensation brutale
Le texte est constitué d'un ensemble de sensation que l'absence du narrateur
rend encore plus brutale. Les sensations visuelles reposent d'abord sur deux
couleurs contrastées et franches: le noir de l'herbe et le rouge des
forges. C'est donc une scène de nuit, sans repères, un univers
angoissant dont la lueur de la lune est absente. Les sensations sont soudaines
et brusques, le buisson qui "gifle l'oeil" se comprend comme une marche
dans une nature hostile ou comme une vision rapide du buisson qui frappe l'oeil.
Les sensation auditives sont elles aussi particulièrement aggressives,
brusque et violentes, "des gares tonnent" et "l'avoine siffle".
Les bruits de l'industrie qui émanent des usines sont violents, on entend
le "cris des métaux" dans les forges.
Les sensations olfactives sont présentes dans 4 strophes sur 7. Elles
paraissent obsédantes et étranges. Par deux fois se pose la question
de la nature des odeurs "Qu'est ce que c'est", "on sent quoi".
L'exclamation "Oh!votre haleine" et la "sueur humaine" soulignent
l'intensité nauséabonde des odeurs.
Sous cette avalanche de visions et d'odeurs hostiles des environs de Charleroi,
le voyageur sort assourdi, étourdi sous ce chaos de sensations fulgurantes.
II- La poésie impressioniste
Dans le poème Charleroi apparaît le carctère impressioniste,
une technique analogue à la technique picturale consistant à cueillir
les éléments du décor en une série de notations
superposées. En recourant au tétrasyllabes qui hâche les
strophes, en employant les K qui craquent, les R et les G qui grondent, Verlaine
rend compte de merveilleuse façon du tressautement du train et des bruits
des forges dans les 4 vers: "Plutôt des bouges, que de maisons, quels
horizons, de forges rouges"
Conclusion:
En nous plongeant dans les ténèbres dès le premiers vers
"dans l'herbe noire", Charleroi pourrait se définir comme un
poème du sursaut et de l'imprévisible, de la peur du noir.