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Excipit de Maupassant (cliquez sur le titre ou l'auteur pour effectuer une recherche)

Auteur : Maupassant

Titre : Excipit

Époque : 19 ième

Oeuvre dont est tiré le titre : Bel ami

COMMENTAIRE COMPOSE « BEL AMI » DE MAUPASSANT

EXTRAIT : EXIPIT DU ROMAN

L’extrait que nous nous proposons d’étudier est tiré de Bel-Ami de Maupassant. Il s’agit de l’excipit du roman, marquant le triomphe de son héros, G Duroy, un arriviste sans scrupule. Maupassant, auteur réaliste du XIXè siècle, montre là la noirceur de son regard porté sur la société de son temps, car le triomphe est celui d’un homme qui n’a cessé de servir des femmes au gré de ses désirs ou de ses besoins et qui, hormis ce talent, paraît n’en avoir aucun.

Aussi étudierons-nous la vanité de ce personnage, qui vit à cet instant la réalisation de ses plus ardents espoirs.

Qu’il est loin l’ex-hussard, maladroit et honteux, faisant sa première sortie chez les Forestiers ! L’homme ne doute plus de lui, a tel point qu’il pense que la «  divinité » elle-même a « favorisé » son ascension sociale. Un élu en quelque sorte ; pas moins ! Et lui que la religion et sa morale n’embarrassent jamais il la « remerci[e] de son succès ». Ce serait tout de même extraordinaire d’imaginer que Dieu ait voulu qu’il trompe sa femme, divorce d’elle, pousse une femme a tromper son mari …

Ainsi, Georges Duroy serait ce qu’il est « de droit divin » en quelque sorte. L’expression normalement s’applique aux rois. Mais précisément notre héros « se [croit] un roi qu’un peuple [vient] acclamer ». D’ailleurs, n’est ce pas la sortie d’un roi après son sacre qu’il fait hors de l’église ? « Il [va] lentement, d’un pas calme, la tête haute, les yeux fixés sur la grande baie ensoleillée de la porte ». Cette longue phrase entrecoupée de virgules mime par son rythme, la lenteur de la solennité de sa marche. L’éclat du soleil qui parait le saluait à travers la grande baie et sur lequel ses yeux sont « fixés » n’est pas sans rappeler la vanité d’un autre roi, authentique celui-là, Louis XIV qui se voulait Roi-Soleil.

Corollaire de la hauteur où il se place, Duroy est, au cours de cette cérémonie, où il est pourtant très entouré, très seul. Ainsi paraît-il n’avoir aucun souci de ceux à qui il s’adresse, et qui sont venus le féliciter. « Il [serre] des mains », autrement dit des membres, sans paraître voir les personnes qui sont derrière. D’ailleurs, lui importent-elles ? Aucunement ! Les mots qu’il leur adresse « ne signifi[ent] rien ». A sa sortie Maupassant précise : « Il ne voyait personne. Il ne pensait qu’à lui. ». Les deux phrases, par leur extrême brièveté, donnent plus de force aux idées qu’elles expriment. Sans doute, d’ailleurs, pourrait-on dire qu’elles résument tout le personnage et que, dès le début du roman, Duroy ne voyait personne et ne pensait qu’a lui. Mais alors conscient de n’être pas en position de force et contraint d’être prudent, sa vanité se dissimulait. Ici, elle éclate.

Aussi, ce qu’il voit sur le parvis de l’église, ce n’est pas une foule, c’est « le peuple de Paris » qui « le contemplait et l’enviait ». Qu’on apprécie l’hyperbole ! Dans un attroupement de badauds qui n’ont rien à faire, G Duroy voit le peuple de Paris tout entier ! Le sourire ironique de Maupassant se dissimule de moins en moins derrière son héros, qui ressemble de plus en plus à la grenouille de la fable et dont on attend qu’à force d’enfler, il finisse par crever. Est-il encore un homme, puisqu’il se juge à cet instant digne d’être « contemplé » ? Le verbe s’applique ordinairement à une œuvre d’art ou à un paysage.

Quoi d’étonnement alors que, ivre de soi-même, G Duroy se pense capable de tout, avec la plus extrême facilité ? Envisageant une suite politique à sa carrière d’affairiste, et s’imaginant député, il lui semble qu’il suffit d’un « bond » pour passer de là où il est à là où il veut aller. Quelle meilleure illustration de la vanité, mot qui étymologiquement, signifie « vide » ? Ce bond n’est en effet possible qu’à quelqu’un de vide, aussi léger que l’air.

En filigrane donc, Maupassant semble inscrire, dans cette ivresse de vanité de son héros, son destin final. Nul doute que Duroy à force d’enfler, ne perde définitivement pied, ne crève. C’est le destin des baudruches.

Ainsi l’excipit de Bel-Ami est-il riche d’enseignements. D’abord il condamne implicitement une telle société, capable de couronner un homme dont le seul talent est celui de la manipulation. Fin heureuse ? Voire ! Puisqu’elle consacre le vice ! Ensuite, il semble annoncer en filigrane la chute de Bel-Ami, dont la vanité éclate au mépris de toute réalité. Ce ne serait pas même justice mais l’ordre de cette société où tout se consomme _ les femmes comme les hommes_ dans une sorte d’emballement du désir et de la puissance.

Bel-Ami, un jour, connaîtrait donc le sort de Laroche Matthieu ? Peut être. Les Don Juan, dans leur sentiment de toute puissance, finisse toujours, comme celui de Molière, par connaître le châtiment. Mais l’originalité inquiétante du Don Juan de Maupassant est que, loin de mettre en cause les fondements de la société (la religion, l’ordre social), il s’en sert.



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Accéder au commentaire de texte : Commentaire : Maupassant : Excipit

Extrait étudié :

Bel-Ami, à genoux à côté de Suzanne, avait baissé le front. Il se sentait en ce moment presque croyant, presque religieux, plein de reconnaissance pour la divinité qui l'avait ainsi favorisé, qui le traitait avec ces égards. Et sans savoir au juste à qui il s'adressait, il la remerciait de son succès.
Lorsque l'office fut terminé, il se redressa, et donnant le bras à sa femme, il passa dans la sacristie. Alors commença l'interminable défilé des assistants. Georges, affolé de joie, se croyait un roi qu'un peuple venait acclamer. Il serrait des mains, balbutiait des mots qui ne signifiaient rien, saluait, répondait aux compliments : " Vous êtes bien aimable. "
Soudain il aperçut Mme de Marelle ; et le souvenir de tous les baisers qu'il lui avait donnés, qu'elle lui avait rendus, le souvenir de toutes leurs caresses, de ses gentillesses, du son de sa voix, du goût de ses lèvres, lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre. Elle était jolie, élégante, avec son air gamin et ses yeux vifs. Georges pensait : " Quelle charmante maîtresse, tout de même. "
Elle s'approcha un peu timide, un peu inquiète, et lui tendit la main. Il la reçut dans la sienne et la garda. Alors il sentit l'appel discret de ses doigts de femme, la douce pression qui pardonne et reprend. Et lui-même il la serrait, cette petite main, comme pour dire : " Je t'aime toujours, je suis à toi ! "
Leurs yeux se rencontrèrent, souriants, brillants, pleins d'amour. Elle murmura de sa voix gracieuse : " A bientôt, monsieur. "
Il répondit gaiement : " A bientôt, madame. "
Et elle s'éloigna.
D'autres personnes se poussaient. La foule coulait devant lui comme un fleuve. Enfin elle s'éclaircit. Les derniers assistants partirent. Georges reprit le bras de Suzanne pour retraverser l'église.
Elle était pleine de monde, car chacun avait regagné sa place, afin de les voir passer ensemble. Il allait lentement, d'un pas calme, la tête haute, les yeux fixés sur la grande baie ensoleillée de la porte. Il sentait sur sa peau courir de longs frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs. Il ne voyait personne. Il ne pensait qu'à lui.
Lorsqu'il parvint sur le seuil, il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante, venue là pour lui, pour lui Georges Du Roy. Le peuple de Paris le contemplait et l'enviait.
Puis, relevant les yeux, il découvrit là-bas, derrière la place de la Concorde, la Chambre des députés. Et il lui sembla qu'il allait faire un bond du portique de la Madeleine au portique du Palais-Bourbon.
Il descendit avec lenteur les marches du haut perron entre deux haies de spectateurs. Mais il ne les voyait point ; sa pensée maintenant revenait en arrière, et devant ses yeux éblouis par l'éclatant soleil flottait l'image de Mme de Marelle rajustant en face de la glace les petits cheveux frisés de ses tempes, toujours défaits au sortir du lit.

Ajouté par : admin

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