Commentaire composé : Les caractères : Livre X : Texte 29

Introduction :

Le texte n’appartient pas au genre narratif ni romanesque. C’est en effet une description, puis l’analyse de celle-ci. Ce n’est pas non plus une fable, mais bien une parabole.

1-Le mythe du bon pasteur
2-L’Eloge et le blâme

I. LE MYTHE DU BON PASTEUR

Tout d’abord, La Bruyère s’appuie sur un genre littéraire : la pastorale (c’est à dire le genre où les rois aiment les bergères...) présent dans le théâtre, mais aussi dans les arts (décoratifs...). Ce genre commence en 1610, en littérature par Honoré d’Urfé. Un exemple très connu : le Hameau de la Reine, village créé pour la reine Marie-Antoinette, où elle joue à la bergère ... avec des moutons lavés et une écurie propre ... Ce qui donne un thème archi-connu qu’il va exploiter à sa propre manière.

Il y a une également une analogie avec l’évangile : il décalque l’image du bon pasteur. cf. : l’auteur parle de la protection du berger à l’égard de ses brebis. Il dresse le portrait idéal du Roi, en abordant tour à tour les dimensions économique, législative, militaire et unitaire de la nation. Il y a analogie car le roi est à l’époque de droit divin, il possède un rôle religieux. L’influence de la pastorale est idéalisée à l’extrême par des termes mélioratifs. Cf. : beau jour, thym (qui est une plante qui ne pousse que sur de la bonne terre), menue et tendre... Il imagine une monarchie idéale, une vision où le peuple se trouve dans les conditions idéales.

L’impression de paix : Cf. : phrases longues, image du troupeau imperturbable, énumération et parataxe (juxtaposition sans connecteur logique), verbes d’action au présent qui donnent un effet répétitif. L’impression de paix renforce l’idée du bon pasteur.

La Bruyère prend à témoin le lecteur. Cf. : " quand vous voyez, vous paraît ?.. " Il utilise des références culturelles connues du lecteur (la pastorale...) et l’oblige à réfléchir.

Aucune transition humaine : Cf. : Les personnages utilisés ne font l’objet d’aucune personnification ni description. On n’a donc pas affaire à une fable. La Bruyère est obligé d’exprimer le 2e degré puisqu’ il n’y a pas de personnification.

II. ELOGE ET BLAME

L’éloge et le blâme se confondent . En faisant l’éloge d’un idéal, il critique le roi. Cf. : "Quelle... "= ironie Cf. : "Servitude" : il inverse les rapports. Le chef de l’Etat semble au service de son peuple. C’est comme ceci qu’il blâme le système : en faisant l’éloge de ce qu’il n’est pas. Cf. : les questions oratoires. Celles-ci comprennent les réponses par la construction en alternative. Le « ou » propose deux volets différents, il y a deux possibilités de choix. Pourtant, La Bruyère ne laisse pas décider le lecteur car la bonne réponse est la deuxième alternative. En effet, la question induit la réponse ! On est obligé de choisir la bonne réponse de L.B.

L’"image naïve" : "naïve" montre que cette conception du roi est également celle du peuple, mais qu’elle n’est pas la réalité. Le texte exprime des traces de jugement (« naïve »). La restriction du « si » sous-entend que Louis XIV n’est pas bon roi.

La Bruyère fait une référence à Louis XIV Cf. : Aurore = Soleil ; répétition du mot « or ». L.B. critique le faste de Louis XIV. La houlette en or (qui est presque un oxymore étant donné la définition de houlette, qui signifie bâton de berger !) équivaut dans le texte au sceptre du roi, qui est le signe de l’autorité. De plus, le chien représente l’armée, attachée à la laisse du chef des armées. L’or peut être assimilé aux investissements que Louis XIV a faits dans l’armée pour la guerre. L.B critique donc aussi l’obsession des rois : donner au descendant direct un royaume plus grand que celui dont on a hérité.

L.B fait un jugement interrogatif cf. : « servir » fait écho à « servitude » L.B revient sur sa première idée, le peuple est utilisé par le roi et non pas le contraire.

Conclusion

L’intérêt du texte : L.B dénonce l’abus des Rois mais pas la monarchie, ce n’est pas un contestataire de ce régime. Comparaison avec « Les obsèques de la Lionne » de La Fontaine : La Bruyère est sérieux et son texte ne peut convenir qu’á une époque précise, contrairement à celui de L.F., qui recherche l’intemporalité. L’objectif de La Bruyère : il veut faire réfléchir le lecteur en conduisant son point de vue sans satire, en effet, il blâme mais ne fait aucune caricature.

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