Commentaire composé : Cyrano de Bergerac: Réjouissez-vous, me dit elle. Extrait de Histoire comique des Etats

Introduction :

Cyrano de Bergerac est un auteur français du XVIIème siècle. Edmond Rostand s’en est inspiré au XIXème siècle pour écrire sa pièce du même nom. Cyrano de Bergerac appartenait à un mouvement de l’époque : le libertinage, mouvement qui faisait réfléchir les gens aux idées nouvelles, sur la Religion par exemple. Il remettait en cause beaucoup de principes.
L’extrait étudié de Cyrano de Bergerac est issu de l’Histoire Comique des Etats et Empires de la Lune, conte utopique, inspiré de Thomas More (Utopie). Il s’agit d’un livre de vulgarisation scientifique. L’auteur y mène des réflexions sur la Religion ou sur la guerre, comme c’est le cas ici.
L’extrait étudié met en scène le narrateur terrestre et la Reine du Pays de la Lune. Le narrateur se retrouve sur la Lune, et doit être enfermé. Mais il est sauvé au dernier moment par la Reine. La Reine expose ici les méthodes de guerres lunaires puis, les méthodes terrestres. On verra que l’auteur utilise cette excuse pour donner ses idées de la guerre.

I. Un dialogue sur deux méthodes différentes de guerre
II. Un réquisitoire contre la guerre

I. UN DIALOGUE SUR DEUX METHODES DE GUERRE :

1. La structure du texte :

Il s’agit d’un dialogue entre le narrateur et la Reine, présence de signes de ponctuation, caractéristiques du dialogue (tirets).

Deux parties distinctes composent le texte : dans une première partie, la Reine expose les guerres sur la Lune puis dans une seconde, à partir de la ligne 31, la guerre sur Terre est décrite. Chacune de ces parties sont introduites par des questions : « Comment la guerre ? (...) Arrive t-il des querelles entre les princes de ce monde (...) exposez moi leur façon de combattre » (l.5-7) ; « vos princes ne prétextent-ils leurs armements que du droit de force ? » (l.35-36). Les quatre premières lignes servent d’introduction au texte. Elles indiquent le thème : la guerre. Le texte a donc une dimension didactique : c’est un exposé des méthodes guerrières.

La Reine parle beaucoup plus que le narrateur, alors que celui-ci réplique beaucoup, directement ou indirectement. Ce qui est normal puisqu’on connaît déjà les guerres terrestres, mais pas les lunaires. On a donc besoin de plus d’informations sur la Lune que sur la Terre.

Le texte fonctionne beaucoup par antithèses : il a une structure antithétique.

2. La guerre sur la Lune :

La Reine commence à parler de la guerre sur la Lune. Elles sont équilibrées : « deux parties » (l.8), « égalité », « un seul homme plus que dans l’autre » (l.11), à partir de la ligne 14 : parallélisme syntaxique (« vaillants »/« courageux » ; « géants »/« colosses ») et ellipse qui démontrent une harmonie, « ennemi désigné » (l.17) : on sait à l’avance contre qui on va se battre. Les guerres sont justes, équilibrées mais aussi stricte : « désigné », « accorde » (l.9). Les affrontements sont bien tracés (« ennemi désigné »). Les principes de respect et de tolérance ressortent.

Les guerres lunaires sont comparées à un jeu. On a en effet l’impression que à partir de la ligne 8, on a un mode d’emploi, une règle du jeu. « Les maréchaux du camp ont soin » : fait penser à un jeu d’échec. Les soldats n’ont en effet pas d’autonomie, ils sont caractérisés par « les » qui n’est pas sujet. Ils sont comparés à des pions d’échec. « Courte paille » ; « cent de piquet » (l.21) montrent qu’il s’agit bien d’un jeu.

La démocratie est également présente : « Conseil », « élus », « arbitre », « choisit ». Alors que ce n’est pas le cas sur Terre.

Les guerres sont intellectuelles : « savant », « spirituels ». « Au reste le triomphe que remporte un Etat de cette façon est compté pour trois victoires à forces ouvertes » (l.28) : les combats sont intellectuels. Les idées humanistes sont ici reprises.

On ne trouve dans ce passage, aucun champ lexical de la violence ou de la mort, ce qui est étrange car on parle de la guerre.

3. La guerre sur la Terre :

Le narrateur ne comprend pas les guerres lunaires : « Je ne pus m’empêcher de rire de cette façon scrupuleuse de donner des batailles » (l.31-32). Il rie des guerres lunaires, de leurs contradictions. Pour lui, les guerres n’ont pas à être scrupuleuse.

« Politique » montre que les guerres terrestres ont recours à des stratégies. « D’une bien plus forte politique » (l.32) : la force prime sur le reste. Les guerres européennes ne sont pas justes, elles n’ont aucune règles : « le monarque n’avait garde d’omettre aucun de ses avantages pour vaincre » (l.33-34). Les Rois ne pensent qu’a eux et pas aux autres.

Oxymores aux lignes 36 et 37 : « droit de force » « justice de leur causes ».
Le champ lexical de la mort est très utilisé : « casser la tête » « mourir ».

II. UN REQUISITOIRE CONTRE LA GUERRE :

• Les guerres sur la Terre sont blâmées alors que celles sur la Lune sont mélioratives. « prétexter » (l.35) montre que les causes ne sont pas valables, ce ne sont que des excuses. Le champ lexical de la mort rend les guerres horribles. Pour la Lune, un vocabulaire mélioratif, positif est employé : « avoir soin » (l.13) « bonne guerre » (l.22), « vrai triomphe » (l.24). La Reine utilise un raisonnement logique, qui tourne autour de « si ». Ces différences rendent la guerre terrestre horrible, contrairement aux guerres lunaires.

• L’ironie est utilisée lorsque la guerre en Europe est décrite, à partir de la ligne 42 : « casser la tête » (réalité minimisée) ; « quatre millions d’hommes » (chiffre immense, hyperbole). Antithèse : « goguenarder » et « massacrer ». Antiphrase : « ils font bien de mourir pour leur patrie » (l.42) ; « affaire importante » (l.46) ; « je me trompe » (l.44). « Car il s’agit d’être le vassal d’un roi qui porte une fraise ou de celui qui porte un rabat » (l.46-47) : cette image est utilisée pour ridiculiser les conflits. Ce texte constitue donc un réquisitoire ironique des méthodes utilisées par les terriens et l’inconscience des rois. A la ligne 43, une critique explicite est émise : « quatre millions d’hommes qui valent mieux qu’eux [les Rois] »

• L’auteur critique donc dans ce texte l’absence de réflexion des guerres, le recours irréfléchi à la violence et l’injustice, l’intolérance des Princes.

• La Lune est une utopie, un monde idéal. Mais il n’est pas parfait : ils font la guerre, il y a des morts. Les guerres sont illogiques puisque le gagnant est « tiré à la courte paille » (l.21). Les morts sont donc inutiles, c’est un jeu cruel. La guerre est absurde puisque on retourne au début, on peut choisir de prendre son roi comme ennemi ou vice-versa. Il faut donc relativiser ce que dit la Reine.

• L’auteur veut nous montrer que les guerres sont injustes, qu’il n’existe pas de guerres idéales.

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