Le biographique
Mémoires
d’outre-tombe, Chateaubriand.
(Chapitre III livre 1er )
« La maison qu’habitaient … une image de mes destinées
»
Introduction :
Né St Malo 1768 d’une vielle noblesse, il était cadet d’un
famille de 10 enfants !
En 1834 il écrit les Mémoires d’outre-tombe qu’il
voit comme une expérience personnelle inscrite dans une vie collective
: il est à cheval entre l’Ancien Régime et la Restauration
et veut témoigner de ces évènements.
« Je me suis rencontrée entre les deux siècles comme un
confluent de deux fleuves ! »
« Je veux avant de mourir remonter à mes belles années et
expliquer mon inexplicable cœur. »
Ce passage est extrait du 3e chapitre du livre 1er où il tente de raconter sa naissance qui est un souvenir indirecte. Il s’agit d’un souvenir inventé et recréé mais contient aussi les particularités de l’écriture d’un souvenir.
L’évocation de sa naissance :
Les circonstances précises sont les points de départ de ce souvenir.
-Des précisions spatiales :
« maison » est reprise 2 fois, « rue », « chambre
» apparaît 3 fois ave l’ouverture sur la mer.
-Des précisions temporelles :
Il n’y a pas de dates précises. Juste une saison : l’équinoxe
d’automne avec les tempêtes et les périodes de grandes marées
-Les personnages :
Son père est absent. On retrouve sa mère, son frère qui
est la parrain qualifié « d’infortuné » car
a été décapité, sa marraine uniquement désignée
par ses titres de noblesse, qui montre la noblesse dans laquelle il a été
élevé.
-l’acte de baptême :
Cet acte marque sa volonté d’authentifier son récit.
Mes ce n’est pas qu’un simple rappel de sa naissance, mais également un récit de soi comportant les caractéristiques du souvenir.
L’écriture du souvenir :
-Un texte autobiographique :
Il est sujet de pratiquement tous les verbes
Le titre « mémoire » ramène lui même à
une autobiographie.
-Un regard présent dans le passé :
On remarque un parallélisme constant entre passé et présent,
notamment par le temps des verbes : « habitaient / est située »
« accoucha / domine ». Il y a la même structure dans les 3
premières phrases : une évocation passée et une constatation
présente.
Le passé est révisé : on le voit à travers les temps
au présent mais aussi par le besoin qu’il a éprouvé
d’aller vérifier : « cette maison est aujourd’hui transformée
en auberge »
-Un souvenir indirect :
C’est un souvenir reconstruit « On m’a souvent conté
ses détails » Mais on peut voir aussi le soucis de sincérité
qu’a l’auteur de s’attacher à des preuves concrètes
en revenant sur les lieus.
C’est aussi un souvenir obsessionnel « souvent » l 9 «
il n’y a pas de jours où » l 10 « ne s’est jamais
effacé » l9 qui montre l’importance du souvenir et de son
œuvre.
Mais il part d’une fiction, d’une création « rêver
» l 10
Un souvenir recréé :
-théâtralisation et mise en scène :
« J’étais presque mort quand je vins au jour » C’est
un décasyllabe qui porte l’accent sur « mort » et «
jour » . cette antithèse est l’image fondatrice du souvenir
qui amène une tonalité pathétique, il inscrit la mort dans
sa propre existence.
Théâtralisation perçue aussi dans les décors «
rue sombre et étroite » l 1.La description de sa chambre est une
période dont « en se brisant sur des écueils » est
l’apodose et dont les sonorités répercutent « déserte
» et « mer » ce qui crée toute une atmosphère
pathétique.
On va jusqu’à entendre les « vagues se brisant », les
« mugissements »…
-Un souvenir douloureux :
C’est une naissance entourée de signes négatifs »infliger
» l 11
Il raconte sa vie en la mesurant par rapport au parcours de sa vie « que
j’ai presque toujours traîné dans le malheur » l 13.
Même la nature semble participer à cette hostilité «
se brisant sur les écueils »
-Un souvenir symbolique :
Il y a une alternance entre mer et mère, de plus il est né face
à cette immensité, ce qui rappelle le thème romantique
dans lequel il s’inscrit fortement par ce texte . « écueils
» l5 symbolise ainsi les aléas de la vie, les éléments
déchaînés reflètent son âme, et l’isolement
renforce la sensation malheur.
On peut aussi remarquer le ton pathétique de la dernière phrase
« Le Ciel sembla réunir […] une image de mes destinées
» avec une majuscule à Ciel et destinées pour dernier mot,
ce qui marque la fatalité. Son destin semble voué dès sa
naissance au malheur.
Conclusion :
Ainsi nous pouvons voir une ambiguïté dans l’écriture
autobiographique car nous retrouvons une part d’authenticité voulue
dans les précisons et une part d’invention présente dans
son écriture par l’incapacité de se souvenir et pat l’action
du passé sur le présent.