Les grands cymetières sous la lune P 116 de « Dès lors…. congestion cérébrale. » de Bernanos


Notes :

Pamphlet (Genre littéraire et polémique consistant en une satire souvent violente ou méchante d'un adversaire)
Essai : Texte argumentatif où on y exprime des idées, des reflexions. On appelle cela de la littérature d’idée. Il a derrière lui une carrière de brillant romancier.

Guerre civile espagnole de 1936-1939. Publié en 1937.


Introduction :

Bernanos s’était installé avec sa famille à Palma de Majorque et a été le témoin de la guerre civile. Il dit par un récit l’expression de « l’organisation de la terreur » qu’il vient de citer. Les tueurs appartiennent au clan de Franco. A priori les sympathies de Bernanos n’allait pas aux républicains car il était de conviction monarchique. Le hasard à fait de lui un témoin et il a dit ce qu’il a vu 1ere illustration de l’organisation de la terreur. Récit d’une scène nocturne. Arrestation suivit d’une exécution puis l’enterrement.
La particularité de ce texte est qu’il s’agit d’une récit fait par un témoin. Par conséquent il est éloigné du réquisitoire.

Lecture

-Crime organisé :
Ce que Bernanos voit ici obéit à un plan. Le crime a été prémédité et organisé. C’est la mise en application d’une stratégie de « Terreur ». La majuscule donne une espèce de violence au mot et fait un clin d’œil à la révolution française de 1793. Sauf qu’elle a changé de camp. Il s‘agit d’une organisation : « opérant », « zèle », « on a pris soin ».

-Marque de l’illégalité :
Ce qui se passe ici a quelque chose d’illégale d’expéditif. En aucun cas on peut parler ici de justice. Dans un autre niveau l’adj. hideux est une marque de jugement. C’est hideux car c’est une justice inique. C’est toute la laideur de l’injustice qui est ici dénoncé. C’est toute la laideur de l’injustice qui est ici dénoncé.
La justice opère au grand jour elle est publique. Ici il s’agit d’action nocturne : « discret » « chuchotement ». Ces hommes ne sont pas mis à mort en application d’un article de loi. Celui qui se charge de la besogne est « le tueur », soit un membre de la Pègre soit de l’abattoir. Il n’est pas au registre humain. Un cadavre la tête éclatée ne ressemble pas à la justice. Marque de la haine et de la bestialité. On veut que ce soit hideux.
Dernière preuve de l’illégalité absolu. Le fait que l’on masque la vérité et qu’on invente un message officielle avec la complicité d’une institution légale tout ces morts trouvent une explication : « mort de congestion cérébrale ». Ces morts violentes sont passés pour des morts naturelles. (L’alcade = juge ou maire en Espagne est chargé de respecter la loi) Que les tueurs enfreignent la vérité est une évidence.

--Ce récit est une dénonciation.

A travers un certain nombre de procédé on sent l’évidente volonté de dénoncer. Ce narrateur est un témoin à charge. Il évoque simplement les faits mais se faisant il souligne ses propres choix. Il est clair qu’il a pris parti. Pas de jugement. Le tout est légalisé. On est pas dans le roman. Les faits sont suffisamment frappant pour, dans leur chronologie implacable, être une arme polémique. La démonstration est inutile car les faits parlent d’eux même. C’est une narration engagée. L’horreur née de cette narration .

-C’est le tableau d’une chasse à court. Comme les animaux les cadavres sont rangés sur le bord de la route. Il n’y a ici aucun hommage aux morts. On le met la car on sait que le fossoyeur va le prendre. Le lexique distribue de manière évidente les dénonciations : « le tueurs », à travers le démonstratifs et le choix d’un mot un peu guindé « ces messieurs ». Il y a la une distance et aussi l’ironie avec une antiphrase : « Messieurs » appartient au rang des notables.

-Vocabulaire de la pitié : Il ne se contente pas de dire l’arrestation mais la met en scène. Utilisation d’un vocabulaire familier qui est proche de cette pitié. On n’utilise pas le mot enfant mais « gosse » qui a une résonance particulière. Le pathétique naît du fait qu’on retire la vie à des pères de famille.

Choix des temps : Imparfait d’habitude et présent de narration. Une fois que l’on a situé les faits dans le passé avec le passé simple « opérèrent » on emploie l’imparfait de sinistre habitude et de description tantôt le présent de narration. Narration très discrète puisqu’on trouve qu’une seule fois une marque de la première personne du singulier.

La rhétorique au service de la narration. On trouve une structure anaphorique. « le même coup discret », « le même piétinement, le même chuchotement »,  cette répétition (3fois) de l’adj. mise en valeur par un rythme ternaire, est la pour souligner la sinistre et répétitive réalité de Palma. L’horreur est devenue habituelle. C’est une manière de dire les signes de ce rituel macabre. Cette violence n’épargne aucune classe sociale. Porte/palier chaumière/jardin.

Espagne pays où existe un sentiment de fatalité. Quelques mots significatifs : « a quoi bon ». Manière de dire la conscience de ce destin. C’est tout aussi net dans le vocabulaire le groupe de victimes sont « résignés », « le regard vague », lexique typique de la fatalité. Mise à mort inique. Ils se soumettent de manière mécanique au destin. Le rythme ternaire exprime cette fatalité « Descendez ! ils descendent, s’alignent », « Pan, Pan, Pan »

CONCLUSION

Par conséquent ce texte est un pamphlet anti-franquiste. Il constitue une dénonciations des répressions Franquistes. Ce texte tire sa force argumentative dans la terreur. La prise de position est inutile car elle réside dans l’effort de narration.