Les grands cymetières sous la lune de Bernanos
P 169 de « Tel est la loi du sport…. Fumait sous le soleil d’août »


INTRODUCTION :

Pamphlet (Genre littéraire et polémique consistant en une satire souvent violente ou méchante d'un adversaire)
Essai On y exprime des idées. On appelle cela de la littérature d’idée. Il a derrière lui une carrière de brillant romancier. Il a eu une éducation catholique.
Liturgique = institué par une église.

Guerre civile espagnole de 1936-1939. Publié en 1937.

Texte polémique. Il s’agit de l’exécution sommaire de condamnés à mort.

I Les ressources de la rhétorique. Comment Bernanos donne t-il une force argumentative à ses propos ?

On voit d’emblée qu’il y a une prétérition « je ne mets nullement en cause… ». Tout le texte est une mise en cause directe de cet homme qui est responsable de tout ce qu’il dénonce ici.. Le texte prend plus de force car il interpelle les évêques espagnols comme il le ferait dans un discours par une apostrophe « Notre excellence ». Le choix de l’apostrophe donne une virulence au texte. Il y a un procédé qui revient constamment dans ce texte : l’antiphrase : « Les croisés de la péninsules »(Espagne). L’indignation de Bernanos ne repose pas sur des rumeurs. Il parle de ce qu’il a vu. C’est un témoin engagé. Les croisés : Sens historiques : Désigne les croisades qui consistait à reconquérir et délivrer les lieux Saints de la Palestine de la domination musulman. Les partisans de Franco s’autoproclament Croisés et de cette manière Bernanos dénaturent le mot « vénéré » qui correspond à une attitude d’obéissance. Alors qu’il n’a cessé de les accuser il emploie des thermes laudatifs pour souligner leur indignité. Au contraire il file métaphore qui associe les républicains a des animaux : « les bétails », « bête à bête », « les bestiaux » pour souligner le sort inhumain qu’on leur a réservé. Marque de comparaison « à ces malheureux ». La fin est un moment particulièrement ignominieux : on les élimine. Il reste « des figures hideuses » « déformées par le feu », dans « des poses obscènes ». A l’instant où la passion criminelle les a réduit à rien Bernanos les nomme « ces hommes ».
« Cérémonie » = antiphrase : 1er sens : désigne quelque chose qui a un caractère sacré de religieux. 2e sens : L’accomplissement public de quelque chose qui a un caractère officiel et solennel. Suppose un rite et des geste symboliques. Cette cérémonie c’est une œuvre de mort, une opération clandestine. Ca constitue une dénaturation de la religion. « offrir » par définition c’est donner gratuitement. Il s’agit ici de donner une conversion forcée.
? l’ironie souligne la violence accusatrice du texte.

Un des éléments qui crée un effet polémique est aussi le pathétique.
Bernanos utilise le réalisme descriptif. Le fait sans aucune attention pathétique est par lui même pathétique. Il s’agit de l’exécution sommaires de condamnés à mort. Même en période de guerre il y a un certain nombre de conventions à respecter. Ici ça ressemble à l’Holocauste « mirent les bestiaux en tas », « purification par le feu ». Registre pathétique l’intention est polémique « ces hommes noirs et luisants » « tordus par les flammes » « poses obscènes ». La phrase « puant… » « fumait… » volontairement insupportable par la nausée.

Bernanos donne plus de force à son évocation en établissant un contraste entre les horreurs des hommes et la beauté du monde. C’était implicite au début du texte. On les a tué sur la plage qui est un lieux de loisir et de détente. « soleil d’Août » C’est devenu un lieu de mort. Contraste entre cet ordre de beauté et cette description macabre.

II l’acte d’accusation :

Bernanos dénonce des hommes d’Eglise. Au delà de l’intention polémique, cette page se caractérise par l’omniprésence des mots religieux : « Excellence » , « croisé ». Le vocabulaire et systématique accusateur. Locution de moment de réflexion et de moment narratif. Au delà de l’événement factuel ce groupe d’homme dont il ne donne pas le chiffre pour donner plus de force il utilise comme locution « comme d’habitude ». D’emblée l’acte d’accusation s’alourdit. C’est pas un fait unique. Il sous entend la multiplication d’exaction (sévices, violences…) de ce genre. 2 groupes dont la juxtaposition n’est pas évidente. Les prêtres acceptent de participer à un œuvre de mort et en sont complices. « les prêtres de service », expression de l’ironie douloureuse de Bernanos.
Le choix : court dialogue fictif répond au besoin d’accuser, donne une véracité supplémentaire. Il met en scène un militaire et un prêtre. Dans l’énonciation portée à chacun de ces hommes, il dénonce encore l’œuvre de mort.
La tâche d’un prêtre est d’assister les mourants. Ces hommes étaient parfaitement libres de refuser l’assistance de ces prêtres : Manière de ranger en 2 catégories ceux qui se sont présentés devant le prêtre et ceux qui ne l’ont pas vu : « bétail absous et non absous » (absolution = mot religieux du pardon ». Ironie sur la « marmite d’eau brûlante », « ils les auraient mêmes fait chanter les vêpres… » (vêpres =cérémonie religieuse qui a disparu de la pratique contemporaine et qui se chantait dans les paroisses.).
Bernanos change délibérément de niveau de langue pour répondre à la brutalité du réel : « que m’importe ?» « je m’en fiche »Accusation de Bernanos : Ces hommes là auraient le droit à un réconfort ultime avant de mourir. Bernanos, croyant incontestable, dénonce la forme dont on a fait d’eux des martyrs (mourir plutôt que de renoncer à sa religion). Les « malheureux » deviennent ses patients ( = souffrir). Lorsqu’on ose s’arroger (s’attribuer illégitimement) du nom de croisé, cela relève du blasphème.
Dernière marque d’ironie qui est double sociale avec le choix du nom « Dames ». C’est une critique de la société de Majorque. La formule « distingués confesseurs » fait penser au verbe se distinguer. Il se sont distingués d’une bien triste manière.

CONCLUSION

Extrême violence des accusations lancées par Bernanos qui répond à la violence du réel. C’est le témoignage courageux et d’autant plus courageux qu’il vient d’un personnage qui n’avait aucune raison d’avoir des sentiments antipathiques vis à vis de ce qu’il voit.