Erreur : Impossible d'effectuer la requ�te.
Accueil | Francais | Philosophie | Histoire-géo | Commentaires philo | SES | Résumés d'oeuvres | Forum | Chances au bac
Afficher les corrigés par époque : Antiquité | Moyen-Âge | 16 ième | 17 ième | 18 ième | 19 ième | 20 ième | 21 ième
de (cliquez sur le titre ou l'auteur pour effectuer une recherche)
Auteur :
Titre :
Époque : Non définie
Grâce à l'exorbitance de mes années, mon monument est
achevé. Ce m'est un grand soulagement; je sentais quelqu'un qui me poussait;
le patron de la barque sur laquelle ma place est retenue m'avertissait qu'il
ne me restait qu'un moment pour monter à bord. si j'avais été
le maître de Rome, je dirais comme Sylla que je finis mes Mémoires
la veille même de ma mort; mais je ne conclurais pas mon récit
par ces mots comme il conclut le sien: "J'ai vu en songe un de mes enfants
qui me montrait Métella sa mère, et m'exhortait à venir
jouir du repos dans le sein de la félicité éternelle."
Si j'eusse été Sylla, la gloire ne m'aurait jamais pu donner le
repos et la félicité.
Des orages nouveaux se formeront; on croit préssentir des calamités
qui l'emporteront sur les afflictions dont nous avons été comblés;
déjà, pour retourner au champs de bataille, on songe à
rebander ses vieilles blessures. Cependant je ne pense pas que des malheurs
prochains éclatent: peuples et rois sont également recrus; des
catastrophes imprévues ne fondront pas sur la France: ce qui me suivra
ne sera que l'effet de la transformation générale. On touchera
sans doute à des stations pénibles; le monde ne saurait changer
de face (et il faut qu'il change) sans qu'il y ait douleur. Mais, encore un
coup, ce ne seront points des révolutions à part; ce sera la grande
révolution allant à son terme. Les scènes de demain ne
me regardent plus; elles appellent d'autres peintres: à vous, messieurs.
En traçant ces derniers mots, ce 16 novembre 1841, ma fenêtre,
qui donne à l'ouest sur les jardins des Missions étrangères,
est ouverte: il est six heures du matin; j'aperçois la lune pâle
et élargie; elle s'abaisse sur la flèche des Invalides à
peine révélée par le premier rayon doré de l'Orient:
on dirait que l'ancien monde finit et que le nouveau commence. Je vois les reflets
d'une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil. Il ne me reste qu'à
m'asseoir au bord de ma fosse, après quoi je descendrai hardiment, le
Crucifix à la main, dans l'Eternité.
Chateaubriand, fin des Mémoires d'Outre-Tombe (4ième partie, livre XII, 10, extrait)
Article ajouté le à
Article validé le à
Ajouté par :
Les membres ont attribué la note suivante en moyenne : 0
Commentaires postés pour réagir à cet article :